Le lâcher prise et la confiance mutuelle
Le premier danger qui guette la création d’une épicerie autogérée, et de tout projet qui se voudrait alternatif, citoyen, militant, (etc.) est de chercher consciemment ou non à reproduire les normes capitalistes. Par exemple que tout soit parfait avant de se lancer, de « réussir », de satisfaire le client ou le regard des « autres », de tout maitriser, etc. Ceci concerne en particulier celleux qui lancent le projet. Accepter le lâcher prise, c’est la condition pour voir la magie opérer. C’est le début de l’autogestion.
Dès le départ, le modèle repose sur la confiance entre des personnes qui ne se connaissent pas ou peu. Ça commence avec une participation aux charges et un paiement de ses courses en avance via le compte commun qui permet de constituer un fond de trésorerie pour les achats. Il n’y a pas de charte et personne ne donne des ordres. Ce n’est pas un discours : tout le monde peut constater que chacun a dans ses mains les moyens de bâtir ou de ruiner le projet. Il n’y a pas un « eux » qui gèrent et « moi » qui participe, il y a un « nous » égalitaire. Ceci rend concret et palpable la dimension de « bien commun », l’adoption en tant que tel et la conscience que toustes sont responsables individuellement et donc collectivement.