Sans AG
Une AG rime plus souvent avec interdiction qu’avec liberté. Avec tension que respect et lâcher-prise. C’est un lieu où des sujets qui pourraient être réglés par une prise d’initiative se cristallisent en problèmes, trouvent là une caisse de résonance qui peut les amplifier et cliver les membres. C’est un lieu d’enjeux de pouvoir, donnant la part belle à ceux qui auraient des positions stratégiques, aux experts, aux démagos ou à ceux qui s’expriment mieux que les autres en public. C’est également un lieu déresponsabilisant : lorsque quelque chose est voté nous nous attentons à ce que ça soit mis en place, généralement par le bureau ou les commissions. Les individus alors sont débarrassés du problème et pourront demander des comptes en cas de défaillance dans la mise en œuvre. Les méthodes de vote couramment utilisées permettant de faire passer une proposition sans un accord réel de tou·te·s ne favorisent pas la recherche de solutions plus adéquats. Bref, ça charrie tout un éco-système, des réflexes et procédures qui sont l’inverse de l’esprit de l’épicerie libre.
Il y a aussi dans l’AG une volonté de contrôle et d’application hégémonique d’une solution. Dans l’épicerie libre nous lui préférerons la créativité des membres, la multiplication des solutions et le droit à l’essai-erreur. Tant de choses qui par ailleurs sont étouffées si il est nécessaire de faire passer le sujet en AG ou de respecter toutes les décisions antérieures entérinées dans les procès verbaux.